Les séances de supervision : pourquoi et comment ?

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Les séances de supervision : pourquoi et comment ?

Tout le monde s’accorde à trouver les séances de supervision très utiles, voire indispensables. Mais sous la loupe, que représente cette pratique pour notre profession ? Et quelle est sa réelle utilité ?

Méthodes multiples, approches subjectives, manières de faire personnelles, il s’agit de mettre en place une relation unique entre un superviseur et un supervisé. Comme en thérapie, il faut que « ça colle ». Ces séances sont précieuses car explorer sa clinique avec un superviseur, cela permet de prendre un certain recul par rapport à sa pratique, et de la questionner « à deux ».

 

La toute puissance nous guette

Même à notre insu, à force de vivre tous ces transferts de la part de nos patients, ballottés à longueur de journée entre idéal et impuissance, il est important de « nettoyer son écran » et de déconstruire les différents éléments de nos relations cliniques. Notre narcissisme parfois sollicité, nos propres projections ou identifications peuvent entraîner jugements, manque de bienveillance ou de discernement, de sens clinique, de travail réflexif.

 

Les émotions nous usent

Notre cadre de travail nous amène à recevoir des émotions parfois intenses à travers la souffrance qui vient se déposer dans notre cabinet. Il est important d’avoir un espace-temps où l’on peut dire ce qui nous agite, nous émeut, nous irrite, et d’investiguer les liens possibles avec notre propre vécu. Nos ressentis nous font parfois dévier, nous déstabilisent. Accompagner des gens en difficulté est un travail particulier, singulier. Certaines séances peuvent être difficiles et leurs possibles résonances doivent être prises en compte.

 

La déontologie

Le cadre éthique, déontologique dans lequel on évolue suscite souvent des questionnements subtils. A travers les autorisations qu’on ne se donne pas ou au contraire les manquements que l’on minimise, la ligne juste est parfois difficile à cerner. De plus, notre déontologie (encore elle) nous enjoint à poursuivre notre réflexion, notre formation, tout au long de notre pratique. Réfléchir à sa clinique, avec l’aide d’un confrère expérimenté, est donc aussi une question d’éthique.

 

Les savoirs et savoir-faire se partagent

Parfois, le superviseur est d’une autre obédience. C’est alors l’occasion de découvrir d’autres outils, d’autres courants théoriques, d’autres façons de faire ou d’autres assises. Les échanges cliniques sont alors très riches. Ces relances de la pensée clinique ne sont jamais à sens unique : c’est un échange, qui peut concerner tant le cadre que nos cas cliniques eux-mêmes.

 

Pour tous

Les jeunes professionnels pourront trouver en supervision des repères pour construire leur légitimité, leur cadre, leur pratique. Pour les plus expérimentés, la supervision permettra de confronter leurs hypothèses, leurs manières de faire. Pour tous, entre relance clinique et balises nécessaires, ce sera l’occasion de mener un travail indispensable à notre discipline.

 

Des freins malgré tout

Manque de temps, d’argent ou de motivation, les freins restent malgré tout présents. Il faut que cela reste soutenable, confortable. Pour pallier le manque de moyens financiers, les intervisions peuvent également être très utiles, ou des supervisions de groupe, ce qui réduit le tarif. Quant au rythme de ces séances, leur durée, leur déroulement (un cas clinique en profondeur ou bifurcations vers d’autres situations similaires, choix des thèmes), tout est à construire. Dans l’ici et maintenant.

 

D. Bertrand, psychologue

Article paru le 25/09/2019 dans guidesocial.be

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